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Planification écologique (3/3) : un « Google Maps » de la biodiversité urbaine
Avec l’indicateur du potentiel de connectivité écologique, la planification de la biodiversité urbaine descend jusqu’à l’échelle du lot immobilier. Porteur de la recherche en cours sur ce sujet dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence régionale de la biodiversité d’Ile-de-France et quatre collectivités de la même région, le bureau d’études écologique ARP Astrance en livre les premiers résultats.
© ARP Astrance
Grâce à l’indicateur développé par ARP Astrance, les foncières peuvent classer leur parc selon le potentiel de connectivité des sites.
Grâce à l’indicateur développé par ARP Astrance, les foncières peuvent classer leur parc selon le potentiel de connectivité des sites.
La connectivité de la flore et de la faune qui habitent au port de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et dans ses abords saute aux yeux. Mais la cartographie d’ARP Astrance ne se substitue pas à la décision politique : « zones de moindre impact » au regard de l’étude, les quartiers pavillonnaires restent une cible clé, pour stimuler l’appropriation d’une stratégie municipale qui conjugue biodiversité, infiltration et atténuation des îlots de chaleur.
Connaître pour agir
Farid Chikh, responsable du service Espaces verts de la ville de 50 000 habitants, résume l’esprit du plan local d’urbanisme en cours d’élargissement à l’échelle intercommunale : « La biodiversité n’y a apparaît pas comme un ajout. Elle structure l’ensemble et constitue un gage de durabilité du système urbain ».
Des cahiers des charges prescriptifs en donneront la traduction opérationnelle qui s’imposera aux aménageurs. « L’indicateur nous sert à argumenter nos demandes aux exploitants des routes départementales, de l’A86 ou du port autonome », se réjouit Farid Chikh. Gennevilliers intègre sa politique en faveur de la biodiversité dans une interprétation locale du concept de bio-région associant l’écologie et l’agriculture urbaine.
Une méthode éprouvée
L’indicateur de connectivité écologique proposé par ARP Astrance complète et conforte l’inventaire du patrimoine de la biodiversité conduit en 2022 par Philippe Clergeau, professeur au Museum national d’histoire naturelle. Ses observations de terrain recoupent les cartes issues de l’application de la théorie des graphes paysagers, associée à la méthode de l’interpolation.
Ce projet scientifique part de la représentation du Mode d’occupation des sols (Mos), établie par l’Institut Paris Région, croisée avec un échantillon de plus de 40 espèces représentatives dont les habitats privilégient trois types de milieux : boisements, prairies, parcs et jardins. « L’interpolation applique à l’ensemble du tissu urbain les données connues sur les réseaux écologiques, avec leurs habitats et leurs corridors », décrypte Hervé Moal, consultant expert du bureau d’études.
De la connaissance au projet
Cette méthode duplique celle qu’utilise Météo France, pour passer des relevés aux cartes. Les 1276 communes d’Ile-de-France peuvent s’en servir pour visualiser leur potentiel dans une trame de 25 m et disposer d’un « Google Maps » de la biodiversité urbaine, selon l’expression d’Hervé Moal. Outre Gennevilliers, trois autres collectivités ont servi de laboratoire : Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Saint-Germain-en-Laye (Hauts-de-Seine) et la communauté d’agglomération Marne et Gondoire (Seine-et-Marne).
« Cette recherche a concrétisé le plan d’action pour la biodiversité lancé fin 2022 par la ville », salue Corian Burgelin, chargé de la biodiversité à Aulnay-sous-Bois. Premier objectif affiché, l’amélioration de la connaissance débouche aujourd’hui sur un projet concret : d’ici à 2025, les poissons bénéficieront de frayères et de nurseries, grâce au réaménagement de l’interface entre le canal de l’Ourcq et ses rives, sur 1,2 km. Une nouvelle étude municipale porte sur le renforcement du potentiel des cimetières d’Aulnay-sous-Bois.
Du public au privé
Mais l’ambition des chercheurs ne se limite pas au domaine public, qui ne couvre que 30 % de l’Ile-de-France. « Les aménageurs et promoteurs peuvent utiliser l’indice pour calculer les gains de connectivité, entre l’état initial d’un site et la livraison d’un projet », souligne Maxime Dupont, directeur de projet de Gondwana, département Biodiversité d’ARP Astrance. L’outil permet aussi de concentrer les moyens sur les sites qui offrent le plus de potentiel.
Obligatoire à partir de janvier prochain dans le cadre de la directive européenne CSRD, l’obligation de reporting sur la durabilité accélérera le processus d’essaimage vers le privé, selon le bureau d’études. Les chercheurs ciblent l’intégration de l’indice dans les fiches de lots que doivent appliquer les promoteurs. ARP Astrance a créé un outil de classement du parc des foncières, avec les notes ABCDE familières aux praticiens des diagnostics de performance énergétique.
La méthode élaborée avec l’Agence régionale de la biodiversité devrait s’élargir à d’autres connectivités : dans sa ligne de mire, Gondwana vise les zones humides, l’éclairage nocturne et les vers de terre, autrement dit les trames turquoise, noire et brune.
Article signé Laurent Miguet.
Retrouvez l’intégralité de l’article sur Le Moniteur.
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